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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/51

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ment ce qui plaît, et enfin s’il n’a pas saisi, dans sa forme pure, cet art de plaider qui savait si bien se moquer de lui-même. Certes il ne faut pas oublier que c’est Platon qui a nommé dialectique cet autre art, sérieux et profond entre tous, qui permet de remonter aux pures idées et peut-être d’en redescendre. Mais tout nous dit qu’il n’a rien montré, en ses Dialogues, de la vraie dialectique. Sa constante méthode est, au contraire, de nous dessiner quelque tableau énigmatique où soudain nous nous reconnaissons, nous et nos pensées. Ainsi avertis, et libres à l’égard du discours, nous pouvons aborder la deuxième partie du Parménide. Donc, et sur le modèle de ces raisonnements que j’ai reproduits plus haut, on cherche, en posant que l’un est, ce qui en résulte et n’en résulte pas pour l’un et pour les autres choses. L’un est indivisible, sans parties, sans forme, sans mouvement, sans changement, sans âge, c’est-à-dire sans rapport au temps. On reconnaît la thèse de Parménide. Mais ici il prouve ensuite tout le contraire, d’après cette remarque que, si l’un est, on n’a plus seulement l’un, on a aussi