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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/57

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n’appartiennent en propre à aucun être, et, bien mieux, qui ne s’appartiennent pas à eux-mêmes. Réellement je ne pense pas qu’une chose est froide si je ne pense pas en même temps qu’elle est chaude, et ainsi du reste. Pareillement, pourrions-nous dire de Socrate et d’Hippias, cette propriété qu’ils ont chacun, d’être le même que lui-même et autre que l’autre, n’appartient qu’aux deux. En chacun d’eux, et comme attachée à lui, elle périrait ; car ce n’est que par rapport à l’autre que je suis autre que l’autre ; et, en regardant de plus près, c’est encore par rapport à l’autre que je suis le même que moi.

Nous n’avons pas fini de développer et de mettre en ordre ces rapports d’opposition, qui sont aussi de corrélation. Nous n’avons pas fini. Platon, qui ne cesse de tisser nos vies futures, mais qui se garde aussi de les achever, nous lance sans secours en ces aventures, qui sont déjà assez près de terre, je dirais même qui s’en rapprochent, qui descendent, car c’est là le mouvement platonicien. Mais, laissant encore cette prise, revenons à notre Grand Hippias, et à l’autre exemple,