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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/58

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qui semble fait pour nous ramener. La beauté est bien une idée commune à deux choses belles, et qui leur convient à toutes deux ; toutefois elle convient aussi à chacune d’elles ; elle se divise en un sens, mais chacune des choses la possède tout entière. Cette autre clarté ne brille qu’un moment. Socrate prend congé. Silence. Maintenant il nous est bien permis de loger une pensée en ce creux si bien préparé. Chacun sait bien que la beauté d’un temple n’appartient pourtant pas aux parties du temple, ni aux parties de ces parties. La poussière du Parthénon n’est point belle. Les parcelles d’or et d’ivoire ne retiendraient point la beauté de la statue chryséléphantine. Plus avant, et à la poursuite de ces idées des vertus, que Socrate cherchait, et dont il approchait quelquefois, sans peut-être savoir qu’il les cherchait, disons que l’idée de la tempérance ne peut convenir qu’à un homme divisé, partagé entre ce qui désire et ce qui règle, sans oublier ce qui fait, et qui souvent s’emporte. Et comment justice, sans un rapport et une harmonie dans l’homme entre ce qui convoite, ce qui fait,