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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/68

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que dire enfin, d’après ses œuvres, de ce système d’idées qu’il esquissait, qu’il entrevoyait, qu’il soupçonnait ?

Mettant au sommet l’un et le deux, d’après le témoignage d’Aristote, il faudrait y joindre l’être et le non-être, le fini et l’indéfini, le repos et le mouvement. Ce sont, comme on l’a compris, des relations et des corrélations, les plus abstraites qui soient, et qui, par la distance même où elles se trouvent de ces relations que nous pensons dans les choses particulières, comme l’éclipse ou la course des planètes, sont pour nous rappeler une étendue d’idées entre la source pure et le lieu des applications. Sans doute les sévères analyses du Sophiste, qui est comme une réflexion sur le Parménide, ont pour fin de nous séparer à jamais de cette opinion que les idées sont des êtres. Toujours est-il qu’une déduction à proprement parler, qu’une suite vraie de ces formes abstraites, manque tout à fait dans le Sophiste, et aussi bien dans le Philèbe, où elles se montrent selon un autre ordre, et enfin ne se trouve dans aucun autre dialogue. Quant à une vue