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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/90

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que plus d’un fils s’enivra d’exercer ce nouveau pouvoir, au lieu de revenir à l’école de pêche, aux calculs, aux leçons. Et au rebours on peut imaginer que le mieux doué de ces enfants alla d’école en école, donnant leçon d’idée après l’avoir reçue, et méprisant désormais la pêche et la navigation. Ainsi Platon a bien dit qu’il faut supplier le sage et même le forcer, s’il oublie ses compagnons.

Il reste à expliquer ce Bien, qui n’est pas une idée, et qui est la source des idées. Et l’on peut entendre que c’est trop peu de savoir, si l’on ne se propose point, soit en son savoir, soit dans les actions que le savoir rend possibles, quelque fin supérieure ; et qu’enfin c’est la volonté bonne qui seule donne prix et valeur aux idées. Au reste, puisque ce Bien ou ce Parfait est le plus être des êtres, il va sans difficulté que c’est lui qui fait être les idées, comme aussi tous les êtres pensants et toutes les choses.

Au sujet de cette théologie, qui a couvert une partie du monde, il faut reconnaître que Platon a dit, ici et là, de quoi nourrir des