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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/91

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siècles de pensée mystique, par exemple, dans le Théétète, que le travail du sage est d’imiter Dieu. Je ne méprise point cette sagesse ; et j’accorde qu’elle est d’une certaine manière dans Platon ; seulement elle en recouvre une autre, bien plus pressante, bien plus positive, bien plus près de nous. Et, quoique la mystique chrétienne offre des profondeurs mieux que métaphoriques, je n’ai pas l’opinion qu’elle ait jamais touché au plus intime notre bien et notre mal, comme Platon a fait. Cela paraîtra, je l’espère, assez dans la suite. Mais dès maintenant nous devons rendre compte de ceci, qu’il manque beaucoup à la science, et même tout, si, remontant cette route d’intelligence qui va des choses aux idées, elle n’aperçoit pas un bien substantiel aux idées, de même ordre qu’elles, quoiqu’en valeur il les surpasse infiniment. Toute imagination surmontée, cette condition doit paraître dans le problème positif de la connaissance humaine ; d’où s’élèvera la foi des incrédules, qui est la plus belle. Et voici comment je l’entends.

Nos idées, par exemple de mathématique,