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Page:Alain - Quatre-vingt-un chapitres sur l'esprit et les passions, 1921.djvu/127

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COMMENTAIRES

CHAPITRE IV

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Il est à propos ici d’aller chasser dans les broussailles de l’école. Un terme comme végétal s’entend de deux manières ; ou comme désignant un nombre d’êtres auxquels il convient, c’est-à-dire une collection, il est alors pris en extension ; ou comme attaché à une définition, par exemple que le végétal est un vivant qui se reproduit par germes et qui fixe par chlorophylle le carbone atmosphérique ; il est pris alors en compréhension. L’étrange est qu’on peut lire un syllogisme selon un système ou l’autre. En extension, si aucun des envieux qu’on a pu observer n’est au nombre des heureux, et si tous les vaniteux font voir qu’ils sont parmi les envieux, il faut conclure qu’aucun vaniteux n’est au nombre des heureux. Cela se représente bien par des cercles inclus les uns dans les autres ou extérieurs les uns aux autres, la collection des envieux comprenant toute celle des vaniteux, et les tenant hors du cercle des heureux. En compréhension, c’est tout autre chose. Si, de la définition du triangle isocèle, il résulte nécessairement qu’il a deux angles égaux et si tout triangle au centre d’un cercle est nécessairement isocèle, il en résulte que tout triangle tel a nécessairement deux angles égaux. Ou encore si heureux est un attribut du sage, toujours et nécessairement, et si sage peut être un attribut de l’homme, il en résulte qu’heureux peut l’être aussi. On peut tracer des cercles pour figurer ces rapports, mais groupés tout à fait autrement comme on voit sans peine, car c’est alors une définition qui enferme ou exclut un caractère ; et le quelque et le tout sont remplacés par le possible et le nécessaire. Lus d’une manière ou