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Page:Alain - Quatre-vingt-un chapitres sur l'esprit et les passions, 1921.djvu/126

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DE LA CONNAISSANCE DISCURSIVE

Cette méthode d’amener ces deux figures me semble la plus naturelle, sans compter qu’elle les distingue bien du syllogisme de la troisième figure, que j’appelle syllogisme par l’exemple. Il consiste, celui-là, à conclure, si , quelque, tout ou un, est à la fois et , que et se trouvent quelquefois ensemble, ou que, comme on dit, quelque est . Pour les modes, qui diffèrent selon tout ou quelque, est ou n’est pas, on travaillera utilement à les retrouver tous, ce qu’on ne fera point sans attention.

Le principe de ces transformations n’est pas difficile à trouver ; c’est qu’il faut que l’Entendement reconnaisse la même pensée sous deux formes, ou, en d’autres terme, qu’il n’est pas permis de tirer d’une pensée écrite une autre pensée écrite sans avoir égard aux objets. Le célèbre principe d’identité s’offre ainsi de lui-même, dans les études de logique, comme un avertissement au dialecticien qui espérerait augmenter ses connaissances en opérant sur des mots définis seulement. Tel est le prix d’une étude im peu aride, qui, si on la conduit en toute rigueur, montre assez que tout raisonnement sans perception enferme certainement des fautes, s’il avance. Toutes ces fautes, si naturelles, viennent de ce que l’on enrichit peu à peu le sens des mots par la considération des objets, et cela sans le dire et même sans le savoir.