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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/191

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LA VÉRITÉ DES PASSIONS

comme elle promettait sans que le jugement se mette pour ou contre, et vous aurez de ces bouffonneries magnifiques pleines de consistance, de logique, de force, effrayantes, irréfutables, mais sans prise sur l’esprit spectateur, parce que si on leur donnait quelque chose il faudrait leur donner trop. On voit par là que les conséquences comiques sont toutes d’esprit, quoique sans esprit ; les autres ne sont que matière première, et prétexte pour le développement mécanique des passions. Aussi l’événement doit-il être fortuit et paraître tel ; et cela ne gêne personne ; l’attention n’y est pas attirée. Personne ne demande pourquoi le clown du cirque fait son entrée. Jugez Molière d’après cela, et vous déciderez que ses négligences sont bien travaillées. Mais il est vrai de dire, et il faut répéter ici, que le métier seul pouvait lui apprendre jusqu’où le public est indifférent à ces petites choses.