Aller au contenu

Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
SYSTÈME DES BEAUX-ARTS

même, ajoute encore à l’effet naturel de la musique. Il y a un mouvement leste et jeune par lequel on se retire tout entier de tout soi, laissant tomber l’histoire de soi-même, fardeau de l’âge. Ce genre d’esprit qui est si profondément esprit est le contraire de la vanité ; il se montre par éclairs dans les conversations ; en système il serait lourd et ridicule encore. Sans compter qu’il est quelquefois effrayant, lorsqu’il vise, sous le nom de frivolité, à déposer tous les devoirs avec tout le sérieux, en vue de conserver des privilèges. Seule peut-être la musique sait conduire et prolonger ce jeu par la mesure qu’elle y met, et par son mouvement qui dessine et efface sans cesse. Ajoutons que l’entraînement vif, sous la loi du temps, écarte l’idée d’une volonté méchante, qui se montre toujours sous la frivolité. Tel est le sens de la bouffonnerie italienne. On dira que c’est prendre bien sérieusement le plus léger des badinages ; mais je ne crois pas que le rire et la gaîté soient choses de peu.