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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/201

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CHAPITRE PREMIER

DES ARTS EN MOUVEMENT
ET DES ARTS EN REPOS

Ici prend fin l’étude des arts en mouvement, j’entends qui supposent une action humaine à chaque fois recommencée. Et l’on a compris que, sous l’action de la pudeur et de la politesse, par l’effet aussi de la loi du temps, qui impose un changement continuel et sans retour, les arts en mouvement se traduisent toujours par des signes étudiés, enchaînés, transformés sans cesse, qui échappent au contrôle, et qui tendent toujours à l’illusion du théâtre, dont les masques, les costumes, et les décors donnent assez l’idée. Ici rien n’est solide et rien ne dure. Mais l’architecture nous offre maintenant une autre espèce d’œuvres, que l’action humaine ne modifie plus, et qui laisse au spectateur la direction du spectacle, le choix du moment, du point de vue et des successions. Ce caractère est commun à tous les arts qui seront examinés maintenant ; et cette classification n’est point de hasard, car il est bon de remarquer dès maintenant que le monument a porté d’abord la sculpture, la peinture, le dessin et même l’inscription. Toujours est-il que maintenant encore la peinture attend qu’on la regarde, et le livre attend qu’on le lise. Aussi le spectateur y revient autant qu’il veut et selon qu’il est