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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/214

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CHAPITRE V

DES ORNEMENTS

On peut apercevoir ici le prix de l’ordre. Si l’on n’a pas considéré l’architecture, qui porte l’ornement, on ne peut comprendre les règles de la sculpture et de la peinture dites décoratives. Au contraire si l’on a bien compris par quoi un monument nous touche, on est conduit assez aisément aux deux règles principales. La première est que l’ornement doit être pris dans la matière même, comme s’il avait pour fin d’en mieux faire voir le grain et la dureté. La seconde est que l’ornement ne doit jamais dissimuler les nécessités de la matière, ni l’œuvre du maçon. D’après la première règle, le poli, les cannelures, les arêtes vives sont des ornements, car il n’y a que la pierre la plus durable qui conserve le poli et le coupant. Mais d’autres règles dérivent de celle-là. Les pierres dures ne se prêtent pas à des reliefs fragiles, car la dureté même de la pierre est cause qu’elle serait brisée par l’effort de l’outil ; le bas-relief est est donc la loi des ornements sculptés. Et c’est sans doute la raison pour laquelle les peintures et les dessins d’ornements doivent fuir même l’apparence des reliefs fragiles. Ajoutons à cela l’obligation de peindre aussi près que possible de la matière. Ces deux sévères conditions ont détourné les peintres de