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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/338

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SYSTÈME DES BEAUX-ARTS

pas permis de vieillir, même s’ils représentent des vieillards. Arnolphe est ridicule par l’âge seulement, non par la laideur ou la maladie. Si Alceste était moins beau que les marquis, les tromperies de Célimène n’appartiendraient plus à l’art comique. Ce qui est visé enfin par ce qu’il faudrait appeler le comique généreux, c’est bien un mauvais usage du libre arbitre, ce qui suppose d’abord un corps sain et équilibré. C’est l’erreur enfin qui nous fait rire, et non point les disgrâces physiques. Et, puisque la caricature les grossit encore et les fixe, il n’y aurait donc jamais de vrai comique dans ce genre de dessin, mais toujours la moquerie triste, et au fond la méchanceté et l’amertume, comme Balzac l’a bien montré dans son Bixiou. Mais c’est trop parler, peut-être, d’un art de mépriser tout, dont justement les belles œuvres nous guérissent. Toutefois, autant que ces remarques font apercevoir de nouveau les limites du dessin, les vraies fins de la peinture, et même l’esprit de ce bel art comique, toujours soucieux de ne point déshonorer la forme humaine, il n’était pas inutile de les proposer.