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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/137

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Adrien eut un sursaut presque effrayé. Il pressentait bien que cette question lui serait posée quelque jour. Et l’idée de l’option qui s’imposait l’atterra. M. Marcenat comprit cette inquiétude :

— Rassurez-vous ! Je n’ai point charge de plénipotentiaire officiel. Mais il est bon que vous soyez prévenu, afin d’y réfléchir à loisir. Pesez à l’aise le pour et le contre : ici, une situation stable, honorée, une carrière artistique dont vous pouvez faire une sorte d’apostolat. Que vous présente Paris, en compensation ? La lutte, la fatigue, quelques chances brillantes peut-être… Mais si rares, si aléatoires !…

Adrien baissa la tête sans oser risquer une réponse. Une petite main solide lui frappa l’épaule. Mme Marcenat avait entendu les dernières paroles de son mari. Accorte sous le travesti qu’elle gardait pour le tour de valse final, le poing sur la hanche, elle riait de toutes ses dents nacrées.

— On diffame encore mon cher Paris ! Allons, Gerfaux, ne vous laissez pas impressionner ! Paris ! c’est la vraie patrie des artistes ! Le pôle de leur boussole ! Loin de lui, ils perdent le nord !… Là seulement, se consacre un talent !… On monte sur le pavois… ou bien l’on se brise !… Mais du moins, on vibre, on se sent vivre. Et je pense comme mon ami Nietzsche : Il faut vivre dangereusement !