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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/172

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plus strict ne lui paraissait plus une servitude ou une sujétion.

Elle le connaissait bien. De sa petite place obscure, elle avait observé les souffrances misérables de ce grand cœur. Et elle s’estimait heureuse et privilégiée qu’en cette alarme, plus effrayante qu’un risque de mort, un tel homme réclamât son aide.

Pas un instant, Estelle ne songea à mettre en balance de l’honneur qui lui était dévolu le sacrifice qu’elle allait accomplir, — l’holocauste de sa jeunesse, l’aliénation de son indépendance… — Qu’était sa pauvre vie pour l’évaluer si haut et si cher ?

N’avait-elle pas dit adieu aux espérances qui font palpiter les cœurs vierges ? L’amour n’avait traversé sa route que pour la bafouer et la meurtrir. Elle ne désirait plus le revoir. Il lui faisait peur. Les roses symboliques, pour jamais, étaient mortes.

Et voilà qu’à cette existence profondément désenchantée, s’offraient, tout d’un coup, une direction droite et sûre, un sens magnanime. Comment ne pas admirer le miracle ?

Mais, à considérer la grandeur et la noblesse de la mission qui lui serait ainsi conférée, la jeune fille s’effraya. Serait-elle capable de s’en acquitter dignement ? Elle déplora de ne pouvoir apporter à