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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/190

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temps, l’émotion déjà lointaine d’un autre aveu, les espérances d’Estelle brisées en leur fleur. Et sa nature sensitive fut violemment touchée. S’élançant vers la jeune fille, il lui prit la tête à deux mains :

— Ah ! petite sœur, quelle revanche !… M. Marcenat s’était donc épris de toi… sans en rien laisser soupçonner ?

La physionomie transparente d’Estelle se figea en une immobilité subite. Deux plis aux coins des lèvres, elle répondit, en baissant lentement les paupières :

— Non, ne t’égare pas dans le romanesque, mon ami. Ce n’est point par fantaisie ou sentiment que M. Marcenat m’a choisie… mais pour des raisons très graves. Et il me donne par là une preuve éminente de confiance et d’estime.

Brièvement, elle précisa les circonstances. Adrien s’impressionna en apprenant les mélancoliques auspices planant sur cette union, qui lui semblait d’abord si brillante. Il crut de son devoir fraternel d’exprimer quelques objections. Mais Estelle les écarta en bloc, avec fermeté.

— Mon parti est pris. Je ne pense pas trouver jamais à faire de ma vie un meilleur emploi. Avec toi seul, je m’expliquerai ainsi… Je ne veux pas subir la fatigue d’exposer les vrais mobiles de ma