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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/208

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ce que durent objecter les Tintaniac, quand un petit avocat roturier demanda en mariage la fille de ces hobereaux gascons. Et l’aristocratique famille, tenant à distance l’entourage bourgeois de ce jeune homme candide, te jaugea toi-même avec ce dédain que tu manifestes, à ton tour, pour Mlle Gerfaux.

L’ironie frappait trop juste, et rappelait de trop cuisantes humiliations, pour ne pas mortifier considérablement Mme Dalyre. Mais, décontenancée de voir son frère dans cette posture défensive, elle transposa sa fureur et sa vexation sur le mode pathétique.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria-t-elle, s’abattant sur sa chaise longue, la figure dans les coussins, que je suis malheureuse. Mon frère m’abandonne ! Voilà qu’une étrangère s’introduit entre nous et l’indispose contre moi !… Que ne suis-je morte avant d’avoir enduré cela ! C’est trop ! C’est trop amer !… J’ai pourtant traversé assez d’épreuves, déjà !

Et elle récapitulait, avec de longs sanglots, les vicissitudes de sa vie entière. Veuve jeune encore, avec deux fils à élever, des responsabilités sérieuses pesant sur elle, ne s’était-elle pas montrée, constamment, à la hauteur de ses devoirs ? Méritait-elle qu’on la rabaissât ainsi, et qu’on la mît de côté ?