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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/256

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éparpillée. Une fontaine jasait tout bas dans le gazon.

— C’est ici, disait Vincent, qu’il convient de lire Comme il vous plaira ou le Songe d’une nuit d’été.

Estelle ouvrait le volume qu’il lui tendait, et commençait de lire à demi-voix. C’était comme s’ils se fussent abreuvés à une coupe grisante, qui les enivrait de poésie.

… Lorsqu’ils revinrent à Poitiers et qu’on vit les deux époux partout et toujours ensemble, les malins plaisantèrent :

— Parbleu, dirent-ils, M. Marcenat se dédommage de l’isolement où le laissait sa première femme. Il tient serré la seconde, de peur qu’elle ne fasse l’école buissonnière, comme l’autre.

Bientôt, la démarche précautionneuse, les manières tâtonnantes de l’avocat furent remarquées. La vérité se fit jour. Alors les opinions se divisèrent. Au plus grand nombre, Estelle apparut comme une fille intéressée, qui avait accepté un mari infirme afin de s’assurer un beau douaire. Mais ceux à qui il fut donné d’observer de près le tact et la délicate vigilance de la jeune femme furent frappés de respect.

Tant au Palais qu’à l’École, une sympathie admirative entoura ce couple touchant : la fidèle