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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/257

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gardienne, d’un dévouement si discret, l’homme, si jeune encore, résistant avec courage à la pire des calamités, sans rien abandonner de sa tâche ordinaire.

De jour en jour, cependant, il y trouvait davantage d’obstacles. Le mal inconstant, enrayé quelques mois, avait repris dès l’automne sa marche progressive. Les brouillards se faisaient plus denses, opposant un mur de plus en plus compact à la vue. Et pour M. Marcenat, le long hiver ne fut qu’une lente descente dans la nuit. Aboutirait-elle à une aube ?

Tous, autour de lui, s’efforçaient de lui en suggérer l’espoir, qu’il n’osait admettre.

Ces ténèbres où il s’enfonçait, une sollicitude attentive empêchait qu’elles devinssent mornes et vides. Si le cercle visuel se rétrécissait pour Vincent, le monde charmeur des sons s’ouvrait à lui. Il y trouvait des sensations pénétrantes, infiniment nuancées. Adrien, Monique, quelques-uns des camarades de Gerfaux, plusieurs fois par semaine, faisaient de la musique de chambre à l’hôtel du Pont-Neuf, dont la porte s’entre-bâillait alors discrètement pour quelques amis, fervents d’art. Mozart, Schumann, Beethoven et Franck remplissaient tour à tour de leurs voix le silence recueilli, berçant la pensée de l’éprouvé, l’impré-