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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/310

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Elle crut qu’il divaguait, et le considéra avec effarement.

— Vous appeler ? Moi ?… Qu’imaginez-vous ?

Devant cette stupeur, Renaud fut ébranlé. Il précisa, inquiet et fébrile :

— Ne m’avez-vous pas fait avertir de votre présence ici, tout à l’heure ?

— Moi ? répéta Estelle, reculant. Et sa main, machinalement, se portait à sa poitrine, comme lorsqu’on se défend d’une accusation inouïe. Moi ? Je vous aurais convoqué ici ? Quelle histoire invraisemblable !

Avec toute autre femme, Renaud eût soupçonné quelque manège louche, une comédie équivoque. Mais il estimait Estelle incapable de détour et d’astuce. Ne sachant que déduire ou conjecturer, il lui tendit simplement le papier qu’il conservait dans le creux de sa main :

— Une petite fille, tout à l’heure, m’a remis ce billet, comme je me promenais sur la plage. J’ai cru, pardonnez-m’en, qu’elle était votre émissaire. Cet avis répondait trop à mes secrets désirs pour que j’hésitasse longtemps.

Elle prit le feuillet et lut les deux lignes crayonnées. L’horreur et le mépris se peignirent expressivement sur ses traits. Qui donc avait pu, si vite, être informé de ses faits et gestes, et d’une prome-