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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/34

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La maîtresse de la pension, aimable femme, ronde et alerte, arrêta la voyageuse sur le palier.

— Laissez-moi prévenir tout doucement notre malade. M. Jonchère l’a déjà préparé au plaisir de vous voir.

De la porte, Estelle apercevait le fauteuil, placé devant la fenêtre, et le cher garçon qui y reposait, la tête renversée sur le coussin. Oh ! ce teint cireux, ces yeux caves, ces pommettes saillantes ! Le cœur de la sœur trembla de pitié. Le pauvre ! Il était temps !

La voix d’Adrien s’élevait, fêlée d’émotion.

— Est-ce possible ? Ah çà ! cet absurde Jonchère m’a donc cru à la mort ! Sonner le tocsin pour une pâmoison ! Convoquer ma sœur ici ! C’est fou !

— Ça vous apprendra à nous faire de pareilles frayeurs, répliqua en riant la bonne hôtesse, invitant d’un signe la jeune fille.

Estelle s’élança, les bras ouverts, l’air radieux.

— Regrettes-tu ma venue, ingrat ! Et vas-tu me recevoir vilainement, avec des reproches ?

Il n’en eût pas trouvé la force, vaincu déjà par la douceur des caresses fraternelles. Cependant il scrutait, d’un regard âpre, la figure penchée vers lui. Le jugeait-on si malade pour que sa sœur accourût si vite, et de si loin ? Mais les yeux d’une