Aller au contenu

Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dait au salut distrait du jeune homme qui, in petto, expédiait l’intruse au diable.

— Si charité il y a, qu’est-ce que mon mérite près du vôtre, monsieur ? Venir de Paris jusqu’au fond de notre sauvage Poitou pour y rejoindre un ami, voilà du dévouement !

Estelle saisit l’intention persifleuse et se dépêcha de répondre, pour sauver son propre secret.

— M. Jonchère a tenu à s’inspirer des lieux mêmes où vécut Mélusine, pour une œuvre qu’il compose, en collaboration avec Adrien. Les deux complices me pardonnent-ils de vous avoir initiée au complot ?

Naturellement ils durent, d’un air de bon gré, approuver l’indiscrétion. Mlle Caroline, flattée par cette confiance, adhéra avec enthousiasme au projet qu’Adrien lui exposait tout au long :

— Magnifique idée ! Les spectacles en plein air sont à la mode ! Mais vous ne vous contenterez pas, j’espère, d’un succès à Lusignan ? C’est Paris qu’il faut gagner ! Paris !

Elle eut un long soupir. Elle avait habité quelques années la capitale avec ses parents : Son père mort, sa mère, disait-on, enfermée en un hospice d’aliénés, Caroline était demeurée sous-maîtresse dans une pension. Mais le travail régulier coûtait à sa paresse. Et elle avait préféré