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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/89

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même apportait une jouissance, puisqu’on le respirait ensemble ! Peu à peu, cette obsession mélancolique les maîtrisa tous.

La nuit descendait, calme et profonde, sur la vallée. Au-dessus des nuages, groupés en volutes argentées, la lune montra son disque blanc.

— Quel beau soir ! fit Adrien.

Et cherchant à occuper ces derniers moments où s’alourdissait trop la peine, il proposa :

— Une dernière promenade en bateau ? Ça te va-t-il ?

— J’ai le temps. Mon bagage est déjà bouclé ! fit Jonchère. Allons !

Tous trois gagnèrent la rive et prirent place dans une toue amarrée devant la terrasse. Adrien manœuvra la perche. La barque glissa entre les roseaux qui s’écartaient avec un frôlement soyeux. Les fleurs des nénuphars, posées sur leurs larges feuilles rondes, ressemblaient à des lampes pâles. Des bruits furtifs sortaient des buissons, décelant partout des vies mystérieuses en éveil. Gerfaux leva la main vers un pan de mur, ressorti du rocher, et couvert de capillaires et de giroflées.

— Quel piédestal pour une apparition de Mélusine ! Fée, quelle incantation peut t’attirer ?

Mais pour les deux autres qui étaient assis au fond du bateau, rien ne semblait plus merveil-