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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/93

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grands cris, les cerises rougeoyantes, Estelle croyait découvrir, pour la première fois, les magnificences de l’été et la beauté du monde.

Ne naissait-elle pas vraiment à une existence nouvelle, dans un univers rénové ! Toute à sa tâche jusque-là, vouée à ses affections inquiètes de fille ou de sœur, elle n’avait pas appelé l’amour, comme les jeunes filles désœuvrées. Et voici que son imagination et son cœur ignorants s’éveillaient : un bonheur inconnu, intense, lui était révélé dans une initiation enivrée !…

La séparation, loin d’affaiblir le prestige, lui donnait plus de force et d’enveloppement. Les souvenirs, sans cesse revécus, rejoignaient l’espérance. Et les lettres fréquentes et expansives de Renaud livraient sa pensée et sa vie journalières.

« Je ne me reconnais plus, avouait-il avec sa spontanéité séduisante. Des chiffres se glissent dans mes rêves. Je calcule mes paroles, j’équilibre mes efforts, j’oriente mes démarches. Je me découvre l’étoffe d’un arriviste, d’un intrigant, qui visera peut-être, quelque jour, l’Académie. Et c’est Mélusine qui détermine cet avatar… »

Estelle s’émotionnait à cette lecture. Comment ne pas apprécier la sincérité du sentiment qui excitait à de tels efforts ?…

Un peu plus tard, Renaud, se gaussant toujours