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Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/181

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Le but de la peinture est d’atteindre la gloire et de mériter la reconnaissance et l’estime plutôt que de rechercher les richesses. Le peintre obtiendra ce résultat d’autant que sa peinture captivera, touchera les yeux et l’esprit des spectateurs. Nous avons dit par quels moyens on y arrive lorsque nous avons disserté, plus haut, sur la composition et sur la réception de la lumière. Mais je désire que le peintre, pour obtenir tout cela, soit avant tout homme de bien et savant dans les belles-lettres. Car personne n’ignore que la probité, plus que le goût des arts et le mérite de l’habileté, vous concilie la bienveillance des citoyens ; or, chacun sait que la bienveillance du plus grand nombre contribue énormément à la gloire de l’artiste comme à sa fortune. Aussi en résulte-t-il que souvent les hommes riches sont bien plus émus par bienveillance pour l’artiste que par une vraie connaissance de son talent même ; et ils apportent le gain à cet homme probe et modeste, de préférence à un plus habile qui serait intempérant. C’est pourquoi le peintre doit avoir des mœurs honnêtes, de l’humanité et de la courtoisie. Cela lui procurera la bienveillance, rempart contre la misère, et lui rapportera des bénéfices, excellents auxiliaires pour perfectionner son art.

Je souhaite qu’il soit savant, autant que possible, dans tous les arts libéraux, mais je désire surtout qu’il soit versé dans la géométrie. Je suis de l’avis de Pamphile, très-ancien et très-illustre peintre, qui enseignait à des jeunes gens nobles les premiers éléments de la peinture. Il