Aller au contenu

Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

175
DE LA PEINTURE

prétendait que nul ne saurait devenir bon peintre s’il ignorait la géométrie. En effet, les premiers éléments, d’où découle tout Part de la peinture, deviennent clairs et faciles à l’aide de la géométrie. Quant à moi, je pense que ni les premiers enseignements, ni aucune règle de peinture, ne peuvent être saisissables aux gens étrangers à la géométrie ; aussi affirmé-je que les peintres ne doivent la négliger sous aucun prétexte.

Il ne sera vraiment pas hors de propos qu’ils se délectent des poètes et des orateurs, car ceux-ci ont assurément avec le peintre bien des beautés communes ; et s’il est lettré et abondamment pourvu de la connaissance de maintes choses, il n’éprouvera pas un mince plaisir à établir élégamment une composition d’histoire. La gloire en gît surtout dans l’invention. Or, l’invention a une telle importance que seule elle a du charme, même en dehors de la peinture. C’est en faire l’éloge que de lire cette description de la Calomnie peinte par Apelles ainsi que le rapporte Lucien. Je pense, en vérité, qu’il n’est pas oiseux de la donner ici, afin que les peintres se tiennent pour avertis du soin qu’il faut apporter à la composition de semblables inventions.

« Un personnage est là avec de longues oreilles, aux côtés duquel se tiennent debout deux femmes : l’Ignorance et la Superstition. D’un autre côté, la Calomnie elle-même s’avance sous la figure d’une belle femme, au visage endurci, toutefois, par l’astuce. De la main gauche elle tient une torche enflammée, de l’autre elle traîne par les