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Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/190

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DE LA PEINTURE

éclaircie par l’étude. Et tandis qu’ils s’exercent dans ces ténèbres de l’erreur, méticuleux et comme aveuglés par leur pinceau, ils poursuivent, ils recherchent des voies inconnues et des issues, de même qu’un aveugle tâtonnant avec son bâton.

Que personne ne mette la main à l’œuvre, si ce n’est de propos délibéré et l’esprit bien éclairé. Mais comme la composition est la grande œuvre du peintre, celle où se doivent mettre et toute la richesse et toute l’élégance attenantes aux choses, il faut avoir soin d’apprendre, autant que nous le permet notre intelligence, à bien peindre non-seulement l’homme, mais aussi le cheval, le chien et toutes les créatures qui sont dignes d’être vues, afin que l’abondance et la variété, qui seules rendent une composition estimable, ne se fassent désirer que le moins possible dans nos œuvres.

C’est déjà un grand point, lequel n’a été accordé à grand’peine qu’à quelques anciens, je ne dis pas d’exceller en tout, mais seulement de s’y montrer passable. Cependant, je pense qu’il faut s’efforcer, avec tout le zèle possible, d’éviter que, par notre incurie, nous manquions de ces connaissances dont la possession procure une si grande gloire et qu’il est honteux de négliger. Nicias, peintre athénien, peignit très-habilement les femmes, mais on rapporte que Zeuxis l’emporta de beaucoup sur tous en peignant les corps féminins. Héraclide se distingua dans la décoration des navires. Sérapion ne pouvait peindre l’homme et exprimait très-bien toute