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Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/20

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PROLOGUE.

cultés de l’entendement humain, et nullement dans les objets. Dieu nous préserve de le suivre dans les inextricables méandres du beau libre et du beau adhérant ! Fichte en fait une affaire de morale. Jean-Paul Richter effleure la question, mais ne la résoud pas. Les manuels de Krug et de Solger, l’esthétique de Grüber nous laissent tout à fait incertains.

Il serait malheureux, toutefois, pour l’honneur de l’esprit humain, que ces grands hommes n’eussent pas entrepris leurs ouvrages, comme il est éternellement regrettable que Baumgarten n’ait pu terminer son Æsthetica. Les conceptions philosophiques qui s’en dégagent ajoutent à la gloire du raisonnement et contribuent au développement de l’art de penser ; mais leur action sur les beaux-arts n’est que celle d’une des formes variées de la philosophie qui, en toute science, a pour but de rechercher les lois du progrès, et qui ne saurait faire avancer l’art graphique autrement qu’en développant l’esprit de l’artiste et ses facultés pensantes ; résultat précieux, digne d’être poursuivi dans un enseignement bien entendu, qu’un psychologue émérite tel que mon ami Henri Taine ne devait pas trouver au-dessous de sa grande érudition et de son rare talent.