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Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/21

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PROLOGUE.

D’ailleurs, cette préoccupation constante de rechercher les lois et les conditions de la beauté établit que celle-ci n’est pas un vain mot. Est-il si malaisé de la définir ? Le beau, n’est-ce pas l’effet apparent des lois qui constituent et conservent l’être ? Que ce soit la vertu, que ce soit l’art, c’est la même poursuite du beau, dans l’ordre moral comme dans l’ordre physique. Si c’est une erreur étymologique, c’est, du moins, un sentiment très-fin du génie latin que de faire dériver le mot ars du mot grec signifiant la vertu : άπό τής αρετής. L’art, en effet, est la recherche, la constatation et la glorification de la vertu physique, par rapport à la forme. La vertu physique c’est le beau plastique, c’est une juste proportion, un rapport harmonique de la grâce, d’où, naît l’aisance, la légèreté, la mobilité, et de la force qui engendre la durée et la conservation.

Cependant, de même que Moïse ne voyait pas la face de Dieu, mais le dos, comme dit la Bible, ainsi, dans notre aperception de la beauté idéale, ne voyons-nous que le côté relatif, l’aspect absolu nous demeure voilé. Ô beauté, vierge étincelante qui baigne toute nue dans la splendeur céleste, tu éveilles dans les âmes le sentiment de ton être et tu les diriges à l’amour ! C’est toi qui allumes cette ardeur de jouir de cette quintessence de perfection dont