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Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/23

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PROLOGUE.

première et en faire un instrument de plus en plus infaillible, acquérir la seconde et posséder le jeu de son fonctionnement, c’est ce que fait l’artiste ; c’est ce que doit faire aussi le critique d’art qui prétend sortir de l’historiographie ou de l’archéologie, et dicter, en chaire, les nobles théories. Et quel est le magicien qui nous donne cette double vision ? C’est le dessin.

Les Iconologues italiens, entre autres Cesare Ripa, représentent le dessin sous la figure d’un jeune homme élégant et vigoureux, tenant en main le compas et le miroir. Quelquefois, cependant, c’est sous la forme d’un robuste vieillard muni des mêmes attributs. Cela, soit qu’ils entendent exprimer la beauté, la force et la foi que réclame cet art, soit qu’ils veuillent faire comprendre qu’il est le père de la peinture, de la sculpture et de l’architecture, et lui donnent alors de préférence aux traits d’un héros le grave et mûr maintien qui sied à la paternité. Mais les accessoires emblématiques de ces deux figures sont les mêmes, parce qu’ils expriment la connaissance des mesures et la perception juste des objets. En effet, voir juste et mesurer, tout est là.

Le géométrique, le géométral et le perspectif, tels sont les trois aspects soumis à des lots dont la