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Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/32

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PROLOGUE.

langue. Il faut se rire aussi de ces pronosticateurs de misères qui s’en vont prêchant à toute heure que notre époque est en décadence. À les entendre, tout va de mal en pis ; c’est le tohu, c’est le bohu ! Eh bien, patience, à force de mal aller, tout ira bien. Quant à nom. Messieurs, nous en sommes fâchés, nous ne prendrons pas de vos almanachs.

Avant tout, ceux qu’il faut toucher, ce sont les maîtres de notre art. C’est d’eux que les éloges et que le blâme doivent nous être sensibles. Constituons nos anciens juges de nos œuvres. Nous le devons bien à ceux qui combattirent devant nous.

Il vieillit, l’artiste qui a parcouru sa voie. Si vaillant qu’il ait été, son éclat passe et sa sève se tarit. Mais il est comme ce symbole de la charité qu’avait adopté pour emblème Isidore Ruberti, auditeur du cardinal Salviati, huomo di molta bonta e di varia erudilione ormio… C’était un olivier dont les branches se desséchaient, mais dont le tronc distillait un suc nourricier pour les ramuscules issus de ses racines. Ainsi, tout en mourant, il alimente et prépare à la vie l’enfance d’une génération nouvelle, et sa devise peut être comme celle dudit emblème : moriens reviviscit, car il nourrit de sa doctrine, qui survit à ses forces, toute cette jeunesse qui naît de lui.