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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/12

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II


Trajan est le véritable ancêtre, le Romulus de la Roumanie. L’an 106, le vainqueur de Décébale, pour combler les vides qu’avait faits la guerre, établit la plus grande partie de ses légions sur le territoire qu’elles venaient de conquérir. Plus tard, de nouveaux colons tirés, les uns du centre et du nord de l’Italie, les autres des contrées voisines annexées depuis longtemps à l’empire, telles que la Gaule et l’Espagne, s’ajoutèrent aux premiers. Ils apportaient avec eux une langue qui n’était plus le latin de Rome, mais un latin primitif ou déjà corrompu, tel qu’il s’était formé après coup hors de l’Italie par le mélange des peuples et des idiomes, ou tel qu’il s’était conservé au cœur même de la presqu’île. C’est ainsi que l’on retrouve aujourd’hui, dans la langue des Roumains, à côté de mots d’origine espagnole ou gauloise, d’autres mots appartenant à l’ancien dorique, à cet idiome populaire qu’on ne parlait déjà plus à Rome du temps de Virgile et de Cicéron, et qui paraît être au latin classique ce que le celte est au français, le teutonique à l’allemand. Encore aujourd’hui le Roumain dit frica (φρίϰη) pour terreur, drumu (de δρόμος) pour chemin, aflare pour trouver, etc.

Mais les Barbares suivirent de près les Romains