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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/13

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de Trajan sur le sol de l’ancienne Dacie. Du troisième au dixième siècle, le pays fut comme noyé sous les invasions successives ou simultanées des Gépides, des Jazyges, des Sarmates, des Kazars, des Goths, des Huns, des Saxons, des Avares, des Slavons, des Lombards et des Turcomans. Toutefois l’inondation ne couvrit que la plaine. Tandis qu’une partie des colons se retiraient par ordre d’Aurélien de l’autre côté du Danube, le reste gagna les Carpathes, où leurs descendants vécurent pendant plusieurs siècles à l’abri de toute atteinte. Les Carpathes furent pour eux ce que furent les montagnes des Asturies pour les descendants de Pélage, l’asile de la nationalité. Entourés de tous côtés par les Barbares, ils ne se confondirent nulle part avec eux[1]. On les reconnaissait, non-seulement à la différence de la langue, mais à celle des mœurs, des usages, à leur amour de la terre pour laquelle les Barbares manifestaient une sorte d’antipathie[2], aux traits du visage et au costume qui étaient ceux des anciens Romains. Encore aujourd’hui, si vous venez à rencontrer un monteni, un Roumain des Carpathes, la mâle expression de sa physionomie, sa chevelure épaisse plantée jusqu’au milieu du front, la che-

  1. The Wallachians are surrounded by, but not mixed with, the Barbarians. Gibbon’s Decline of the roman empire, c. xi.
  2. Nemo apud eos arat, nec stivam aliquando contingit. Amm. Marcell., xxxi, 2.