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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/143

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— Depuis trois ans il l’élève dans une écurie voûtée, sombre et creusée sous la terre.


— Avec quoi le nourrit-il ?


— Depuis deux ans il lui donne à manger des feuilles de trèfle sauvage cueillies aux plaines du Boudjiak.


— Que lui donne-t-il à boire ?


— Du lait de jument qui fait sa croupe arrondie : c’est pourquoi, frère, ce maudit eunuque du harem me fait peur, car s’il monte sur son cheval pour courir au jeu de bagues, je risque fort de devenir son partage.


— Sois sans crainte ; il n’est pas de coursier impérial qui vaille mon brave mourgo ; tout ce qu’il poursuit il l’atteint, et sa course est plus rapide que le vol des hirondelles. »




Mercredi passe, jeudi arrive ; les Osmanlis se rendent deux par deux dans la plaine de Haïdar-Pacha pour jouter au jeu des bagues. Les voilà qui s’élancent et se dépassent le long de la plaine, pendant que le Sultan, monté sur magnifique étalon et abrité sous une tente d’étoffe verte, les suit des yeux en caressant sa barbe noire.

Allalah ! coursiers arabes ! Allalah ! coursiers tatares ! Voyez comme leurs sabots s’agitent rapidement ; on dirait des ailes d’un faucon royal. Soudain l’eunuque du