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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/150

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fines et de petites paftalés faites d’irmiliks d’or. » 61

Kira l’écoutait en riant et lui répondait : « Il n’est pas vrai qu’il ait jamais existé d’alliance entre les corbeaux et les hirondelles, entre les serpents et les fleurs, entre les ours et les chevreuils, entre le soleil et les nuages. »

À ces mots, le nègre, couvert d’écailles, enlevait Kira dans ses bras robustes, sautait dans un caïque et le poussait à la dérive du côté de Soulina.

Soudain les frères de Kira, les brigands de Braïla, les serpents du Danube, accouraient sur le rivage en appelant leur sœur ; puis se lançant à la nage et plongeant sous l’onde, ils reparaissaient en un clin d’œil à côté du caïque.

Ils y sautaient légèrement, précipitaient le nègre dans les flots, et, se retournant vers Kira, ils l’apostrophaient ainsi : « Sœur méprisable, sœur chargée de péchés, dis quelle mort tu préfères, la mort en plein soleil ou bien la mort au sein des ténèbres.

— Oh ! mes frères chéris, je ne veux mourir ni à la lumière du soleil, ni dans les ténèbres de la nuit. Je suis innocente. Oh ! je le jure par le nom sacré de mon Dieu, je suis innocente… »

Mais les frères de Kira, les brigands de Braïla, les serpents du Danube, conduisaient à la maison leur malheureuse sœur ; et que faisaient-ils ensuite ?

Ils l’attachaient à un poteau et l’enveloppaient de langes.

Et que faisaient-ils encore ?

Ils enduisaient son corps de goudron et y mettaient le feu sans pitié.

« Sœur misérable, s’écriaient-ils, sœur chargée de