Aller au contenu

Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

sans une faute, sans une hésitation, sans une simple inversion de mots. Il fut premier, et, n’ayant pas eu de points dans les compositions simples, obtint encore le second prix. À la fin de la semaine suivante, eut lieu la distribution solennelle des prix ; madame Menu se contenta d’y envoyer son mari, et passa stoïquement l’après-midi au logis, à faire de la confiture d’abricots.

M. Menu, en noir, sévère et boutonné plus que jamais, pâle comme sa cravate blanche, arriva de bonne heure dans la grande cour pavoisée de tentures et de guirlandes de laurier. Ses regards, ce jour-là expressifs d’anxiété, ne se détachaient pas des fauteuils rouges placés au premier rang pour les personnages notables, devant l’estrade surmontée de la longue table qui portait les livres à couverture dorée et les couronnes. Déjà, les pensionnaires, en uniforme, occupaient leurs bancs de chaque côté de l’estrade, un peu en arrière. Des externes arrivaient encore, en pantalon clair, frisés. Eudoxe était là, entouré d’un groupe de grands au milieu desquels disparaissait sa petite personne. Déjà, les rangées de chaises s’étaient garnies de parents, de curieux, de mères émues et en toilette, de fillettes en blanc juchées sur un barreau pour découvrir leur cousin ou leur frère. La foule était telle que beaucoup de nouveaux arrivants ne trouvaient plus à s’asseoir. Des pères, à l’écart, feuilletaient furtivement des « palmarès ». D’anciens élèves, venus, eux, pour