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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/169

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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

de ralliement répondit, de très loin, une autre bande de braillards nocturnes, beaucoup plus nombreuse, qui vint aussitôt sur le Mail fusionner avec la première. Cris, chants, aboiements redoublèrent. Puis, pendant quelques secondes, comme si le Mail était devenu désert, il y eut un grand silence, puis, tout à coup, un vacarme énorme, épouvantable et bizarre : quelque chose comme plusieurs plaques de tôle s’écroulant d’un troisième étage, au milieu d’une chute de gros plâtras et d’un bruit de poterie et de vaisselle cassée. C’était à croire que la statue du « bon grand homme » local venait d’être précipitée de son piédestal et brisée comme du verre. Et des applaudissements ! et des rires ! et des hymnes de triomphe !… Enfin, peu à peu, les tapageurs s’éloignèrent, quittèrent le Mail. Ils durent se subdiviser en plusieurs groupes qui, chacun de leur côté, s’enfoncèrent dans la ville. Quelque temps encore, des cris lointains, affaiblis, arrivèrent. Puis, tout rentra dans le silence. On n’entendait plus, du « Divan », que les pas mesurés et ralentis, de deux sergents de ville faisant leur ronde sur le trottoir, doucement, paisiblement.

Le bruit de pas s’effaça aussi. De nouveau, le Polaque et Mauve jouaient au milieu d’un grand calme. À peine si le murmure lointain d’un filet d’eau tombant dans la vasque d’une fontaine, arrivait de temps en temps, imperceptible. Ce silence et cette paix auraient fait croire que « le Divan », vaste, mal