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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

nom de nom ! il y a apparence, ne veulent pas être reconnus… Selika serait sellée à l’heure dite, si on lui promettait de ne pas la surmener comme l’autre fois, foutre ! et de payer d’avance…

Il répondait ainsi à tous, ex-sous-officier par sa barbiche et ses jurons, professeur par ses lunettes, loueur de chevaux en même temps, avec certaines allures de maquignon, et « vieux Coq » lui aussi, par là-dessus, c’est-à-dire : viveur, joueur, mauvaise tête, noctambule, tapageur, décrocheur d’enseignes, arracheur de cordons de sonnettes, à tu et à toi avec tous ces jeunes échappés de collège, qui, exploités par lui, mais le trouvant quand même sympathique, se plaisaient à former une sorte d’état-major autour de sa prestance militaire.

Il était au grand complet, cette nuit-là, l’état-major de M. Lefèvre : cinq Corses ; trois Égyptiens ; Jéror, d’Alger ; Mengar, de l’Île-Bourbon ; Courcier, de Paris, qui portait toujours des bottes molles ; les deux Jouvin, de Marseille ; les deux Bernard, du Var ; et Conil, d’Avignon ; et Rocca, de Nice ; enfin deux Bas-Alpins, avec Mauve, de Toulon, et le Polaque. Le Divan s’emplissait de vacarme et de fumée. Des mains alourdies par un commencement d’ivresse, reposaient leur chope sur le marbre des tables, très fort. Un verre même se brisa. Tout le monde parlait à la fois :

— C’est encore Mauve qui a la culotte.

— L’autre soir, mes enfants, quelle cuite !