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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/193

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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

passaient. Une descente qu’ils firent, ce jour-là, jusqu’à ce que M. Lefèvre appelait majestueusement « le manège, » — tout là-bas, hors des vieux remparts, une masure en planches, non loin d’un réservoir pestilentiel où se déversaient les égouts de la ville, — acheva de les consterner. Ils frappèrent plusieurs fois : un hennissement plaintif leur répondit. Le petit gamin, dont M. Lefèvre avait fait un garçon d’écurie, était absent. Puis, s’apercevant que la porte ne fermait plus à clef, ils entrèrent. Selika était seule, tristement attachée devant le râtelier vide. Du bout de son inséparable cravache, Courcier caressa l’échine osseuse de la jument ; puis, après avoir plié deux ou trois fois les jarrets, comme s’il allait s’élancer en selle, par habitude, sa petite personne en longues bottes molles redevint tout de suite très raide. Et les deux trésoriers se regardèrent. Où donc étaient les deux autres haridelles de M. Lefèvre ? Par extraordinaire, on pouvait les avoir louées. Mais, au dénûment de l’écurie, on eût plutôt cru que le gamin les avait conduites chez l’équarrisseur.

— Il est couvert de dettes ! dit Jéror, d’Alger. Quelque créancier aura saisi Soliman et Roxelane, tout simplement.

Mais Courcier hochait la tête.

— Comment veux-tu qu’on saisisse ? Le manège n’est pas à son nom… Je crois que les chevaux ne lui appartiennent même pas…