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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/203

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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

grêle d’enfants et de femmes du faubourg, de bons bourgeois hochant la tête, quelques nobles, et des boutiquiers, des artisans en costume de travail. Bientôt ce fut une foule obstruant le Mail, du Durand aux Quatre-Billards. Les Coqs s’y trouvaient comme les autres, mais surpris, perdus, noyés. Bientôt, sur les allées du Nord et du Midi, comme sur la chaussée du milieu réservée aux voitures, la circulation devint impossible. Qu’allait-il se passer ? Les Coqs ne le sachant pas plus que les autres, s’appelaient de loin, coudoyaient pour se rejoindre des gens qui les regardaient de travers. Ici, l’épouvantement de figures bonasses, d’hommes paisibles fourrés là par hasard, qui se rappelaient tout à coup la nuit des bombes. Plus loin, des poings fermés, des regards de haine, des poussées menaçant de se changer en rixes. Et cet enragé cor-de-chasse, par là-dessus, qui recommençait perpétuellement l’air du « bon roi Dagobert ».

Cependant, la nuit tombant tout à fait, le nom de M. Lefèvre était dans beaucoup de bouches. Et l’heure du dernier train approchait. L’omnibus de l’Hôtel de Paris parut à l’entrée du Mail ; mais, il dut renoncer à fendre la foule, prendre par une rue parallèle. Tout à coup, ce fut une explosion de cris :

— Des femmes ! Là-bas, regardez !… Des femmes !

En une minute, plus personne devant le Durand, ni devant les Quatre-Billards ! Un vent de folie avait balayé la foule. Déjà, au milieu du Mail, à la hauteur du