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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/227

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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

lui aussi, mêlé à ceux qui se chauffaient à la flambée des cinq fenêtres. Et, l’heure d’après, il retrouvait les curieux à la même place. Tandis que çà et là, dans la ville, certaines lampes ayant brûlé toute leur huile, charbonnaient. Et plus d’une, qui ne s’était pas couchée, épouse ou mère, croyant reconnaître un pas, tendait à chaque instant l’oreille. Enfin l’aurore ! L’homme du gaz avait éteint depuis longtemps les derniers réverbères. Le crieur-de-nuit devait ronfler dans son lit. Et, sous les cinq fenêtres, il y avait encore des gens, des visages terreux ; des yeux battus regardaient toujours les ombres dansantes d’en face, vagues et laides maintenant, presque sinistres, un rêve de danse macabre contre les façades roses.

Chassés par le jour naissant, les derniers curieux partirent. Mais le Mail ne resta pas longtemps désert. C’était de la rue voisine, un léger bruit de pas pressés et chevrotants, arrivant avec une canne. Puis, les pas s’arrêtèrent. Et la pomme de la canne grattait la devanture des Quatre-Billards.

— François, c’est moi… Ouvrez !

Mais, presque aussitôt, une grosse main hérissée de poils gris s’abattit sur le bras qui tenait la canne.

— Ah ! je vous y prends, farceur…

Celui-ci était venu sur la pointe du pied, en rasant les murailles.

— Oui, je le répète, farceur !… Comment diable êtes-vous déjà levé, farceur ?

— Et vous ? il me semble…