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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/228

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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

— Moi, c’est différent… Je voulais vous surprendre, mon brave.

— Mon bon, c’est moi qui venais vous surveiller !

Et ils se secouaient chaleureusement les mains. Leurs yeux pétillaient.

C’étaient deux habitués de la salle des Momies. Ceux-là, malins, avaient passé la nuit dans leur lit : par exemple ils s’étaient levés de bonne heure ! Il en arriva d’autres. N’étaient-ils pas environ une douzaine ayant l’habitude de se lever avant l’aube, pour se faire ouvrir « les Momies », et jouer quelque chose au domino pendant que le garçon balayait leur salle. Ce matin-là, sans se l’être dit, ils se trouvèrent bientôt tous devant le café, une demi-heure plus tôt.

— François… C’est nous ! ouvrez… Voyons ! il se fait tard, que diable !

Alors cinq heures sonnèrent. Et, dans la gaieté du matin, ils étaient là, toute la douzaine, vieux pour la plupart mais dispos et guillerets, battant de la semelle, soufflant dans leurs doigts, bourrant des pipes. À la vérité, deux ou trois catarrheux toussaient, le cou enfoncé dans de gros cache-nez de laine. Mais une même pensée gaillarde les rajeunissait tous, faisant monter leur rire en fusées, donnant à leurs moindres mots et gestes des intentions profondément scélérates.

— Mais François nous laisse geler !… Ce coquin de François ! que peut-il bien faire ?…

À ce « que peut-il bien faire ? » voilà qu’ils se pous-