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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/341

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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

y avoir du nouveau, et l’affaire, pour sûr, marchait bien ! Les beaux yeux de Fernand tout ragaillardis luisaient de joie et d’espoir, maintenant, passant le public en revue, fouillant surtout au plus épais, là où Hélène se dissimulait dans l’ombre.

— Merci ! et à demain dit-il à haute voix en serrant la main de ses deux amis.

Et, à une dernière observation de ceux-ci, il ajouta :

— Oui, je vous raconterai tout…

Baissé au pied de l’arbre où étaient déposés les poids, Fernand les lançait déjà au milieu de l’espace libre éclairé par les chandelles, un à un. Il y en avait neuf. Et, à chacun, le sol, ébranlé, rendait un bruit sourd. Maintenant, debout sur le vieux tapis, Fernand ramassait les quelques sous jetés. La pièce blanche d’Hélène éclaira son visage d’un sourire ; et ses beaux yeux en amande, ombragés de longs cils, luisaient de plaisir, cherchaient de nouveau Hélène. Soudain, son front se plissa ; haussant les épaules avec affectation, il se mit à regarder le public en face, d’un air mécontent et provocateur.

— Chut ! fit-il d’un geste à celui qui tournait la manivelle de l’orgue de Barbarie.

L’orgue se tut, il y eut un profond silence.

— Vingt-cinq, vingt-six et vingt-sept ! disait le saltimbanque. J’ai beau compter… Cela ne fait jamais que vingt-sept sous, mesdames et messieurs… Eh bien, sachez une chose : je ne suis pas content !…