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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/54

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LA FIN DE LUCIE PELLEGRIN

venait d’avoir eu trois fois l’envie du homard, qu’elle n’aimait pas en temps ordinaire. Héloïse, elle, craignait alors de rencontrer des prêtres, et ne pouvait voir un omnibus sans brûler d’être sur l’impériale, habillée en garçon. Mais ce fut madame Printemps qui les fit le plus rire : dans une circonstance pareille, elle avait eu soif de sirop de groseille pur, et désir de se ballader en robe blanche, avec une botte de verdure et de roses naturelles sur la tête.

— Moi, dit Lucie en portant son verre aux lèvres, ça ne me gênait pas, j’allais au bal et je soupais comme à l’ordinaire…

Et elle vida son verre aux deux tiers, d’un seul trait.

Madame Printemps avait dû avoir la main lourde en versant l’absinthe. Lucie Pellegrin, à la vérité, ne toussa pas tout de suite ; mais les pommettes de ses joues devinrent subitement roses. Miss, rassasiée de sucre, le cou allongé de nouveau sur l’édredon, s’était rendormie.

Lucie Pellegrin éclatait de rire.

— Le plus drôle, vous ne savez pas… Aujourd’hui, tenez, dès que je vous ai vues, il m’a pris une envie folle de me pocharder avec vous.

— Te pocharder… vous pocharder… nous pocharder… s’exclamaient les autres bruyamment ; elle est bonne, celle-là !

La plupart ayant achevé leurs verres, se reversaient à boire. Lucie Pellegrin pressa un instant son mouchoir sur ses lèvres, afin de ne pas tousser. Puis les