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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/59

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LA FIN DE LUCIE PELLEGRIN

chaude, ne la voyaient même plus. Elles en étaient à entonner déjà des motifs de valse et de quadrille, qu’elles accompagnaient de cris de joie, de verres heurtés, de coups de poings sur la table, à faire tituber les bouteilles. Il fallut que Chochotte, « cette horreur de Chochotte », vînt tout gâter.

On ne sonnait pas, on ébranlait à coups de pied la porte de l’appartement. Madame Printemps, sans lâcher son grog, alla ouvrir d’un air contrarié.

Il entra un petit voyou en blouse noire, très large de hanches, la visière de la casquette baissée sournoisement. On entendit une voix éraillée.

— Comme ça, on liche à l’égoïste. C’est du propre ! Si le garçon ne me l’avait pas dit… Moi, alors, je n’ai qu’à cracher des pièces de dix sous…

Et un jet mince de salive partit de sa large bouche sans lèvres, alla moucheter d’écume blanche le tablier de la cheminée. Il y eut un froid.

L’autre Adèle se penchait à l’oreille d’Héloïse, et tout bas :

— Qu’est-ce c’est que celui-là ?

Héloïse, tout bas aussi :

— Vous voyez bien que c’est une femme… Chochotte.

Un cigare d’un sou entre les dents, les mains dans les poches, gouailleuse et provocatrice, Chochotte continuait :

— On croit donc que du café, tout en faisant mon trente-et-un, je ne suis pas le mouvement ?… Vous au-