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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/230

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MILÈVE (CONCILES DE)


rieurement (401) à Hippone et à Carthage. Il s’agissait du règlement de deux affaires particulières, celles de l’évêque Quodvultdeus de Centurie et de l’évêque Maximien de Bagaï, et de trois mesures d’ordre général, l’une relative à l’ordre de préséance des évêques d’après leur date d’ordination, la seconde sur les certificats à donner aux évêques ordonnés, la troisième sur la défense de laisser passer un clerc, même simple lecteur, de l’Église où il a été ordonné dans une autre.

II. Le II concile de Milève (416). — 1° Lettre synodale. — Pelage, en décembre 115, avait été absous par le concile de Diospolis (Lydda), par suite des fausses manœuvres de ses accusateurs, saint Jérôme et Paul Orose. Voir l’art. Pélagianisme. Portée en Afrique, la nouvelle de cette absolution suscitait un très vif émoi. En septembre 416, deux conciles pléniers se réunissaient, l’un de la Byzacène à Carthage, l’autre de la Numidie à Milève. Cette dernière assemblée décida d’écrire au pape Innocent I er une lettre, qui figure encore, et à juste titre, dans la correspondance de saint Augustin. Epist., clxxvi, P. L., t. xxxiii, col. 762 sq. Après avoir rappelé la nécessité de soumettre au Siège apostolique les difficultés doctrinales elle indiquait comment Pelage, par sa doctrine minimiste de la grâce et sa négation du péché originel, allait à rencontre des textes scripturaires les plus clairs et de la pratique de l’Église. Elle signalait la présence de Célestius en Asie, de Pelage en Palestine ; exprimant d’ailleurs l’espoir que les coupables seraient amenés à résipiscence par l’action douce et ferme du pape. C’était le souhait que faisait le concile de Numidie, s’associant aux vœux du concile qui un peu auparavant avait groupé à Carthage les autres évêques africains. Texte de cette lettre dans Hardouin, Concil., t. i, col. 1221 sq. ; Mansi, t. iii, col. 334 E sq.

2° Canons dits de Milève, en réalité de Carthage. — On voit qu’il n’est nullement question dans cette lettre de canons doctrinaux élaborés par le concile. Si l’assemblée avait rédigé quelques textes de ce genre, elle n’aurait pas manqué de les soumettre à l’approbation du pape, au lieu de se contenter des affirmations un peu vagues de la lettre, et il y aurait trace de cet envoi dans l’épître. Pourtant l’IIispana attribue à ce concile de Milève, sous une préface d’ailleurs empruntée au concile de 402, une série de 27 canons, les huit premiers d’ordre dogmatique et relatifs aux doctrines pélagiennes, les autres d’ordre disciplinaire. C’est comme canons de Milève qu’ils sont cités jusqu’au xvii c siècle. Mais en réalité c’est là un conglomérat de textes canoniques ramassés de divers côtés. Il suffit pour s’en assurer de parcourir les notes mises à la marge par Hardouin et Mansi ; une démonstration plus complète se trouve dans H. Noris, Historia pelagiana, t. I, c. x, Louvain, 1702, p. 42 sq. Si, laissant de côté les canons disciplinaires, on recherche l’origine des canons dogmatiques, on voit qu’ils se retrouvent dans le Codex canonum Ecclesiw africanæ de Denys le Petit, où ils figurent, n. cvm et sq., sous le protocole suivant : (Hardouin, t. i, col. 926 ; Mansi, t. iii, col. 810) : Gloriosissimis imperatoribus Honorio XII et Theodosio VIII coss., kal Mai, Carthagine in secrelario basilicæ Fausli, cum Aurelius episcopus in universali concilio consedisset… plaçait omnibus episcopis… in sancta synodo Carthaginensis Ecclesiæ constitutis. etc. Il s’agit du concile de toute l’Afrique tenu le 1° mai 418 à Carthage, sous la présidence d’Aurèle, après que furent arrivées en Afrique les nouvelles relatives au changement d’attitude du pape Zosiræ dans l’affaire pélagienne. Croyant en danger les doctrines du péché originel et de la grâce, les Africains éprouvaient le besoin de les affirmer et de les préciser. Voir dans Mansi, t. iv,

col. 377, cf. P. L., t. i.vi, col. 486 B, un autre protocole du même concile, qui mentionne la présence de deux cent trois évêques venus de la Byzacène, de la Maurétanie Sitifienne, de la Tripolitaine, de la Numidie, de la Maurétanie Césarienne, et de l’Espagne.

Nombre des canons.

Ces canons, dont il n’est

pas douteux que saint Augustin n’ait été l’inspirateur, sont-ils au nombre de huit ou de neuf ? C’est là une question qui a été jadis assez vivement débattue, mais qui doit être, malgré le mauvais exemple que donnent le nouveau Denzinger, n. 102, et le lliesuurns de Cavallera, n. 843, considérée comme résolue.

Dans certaines collections anciennes, le canon 2, sur la nécessité du baptême des enfants, est doublé par un canon relatif au sort des enfants morts sans baptême. Voir l’énumération de ces témoins dans Maasscn, Geschichte, p. 169. Si ce canon est considéré comme authentique, il faut compter 9 canons. Or la démonstration des Ballerini emporte pièce dans le sens de l’authenticité : Append. ad S. Leonis M. opéra, t. iii, p. xevi, reproduite dans P. L., t. ivi, col. 112 scj. En voici l’essentiel : La collection canonique ancienne, publiée d’abord par Quesnel sous le titre de Codex canonum ecclesiasticcrum et constitulorum S. Scdis apostolicæ (par abréviation : Collection Quesnel) et rééditée à nouveau par les Ballerini, donne sous la rubrique : Concilium plenarium apud Carthuginem Imbitum contra Pelagium et Cœlestium, les 9 canons dogmatiques. Edit. Ballerini, col. 165 ; P. L., col. 486 sq. Le compilateur de cette collection est un Gaulois, qui travailla très peu après la controverse pélagienne, dans ridée d’en rassembler tout le dossier. Son témoignage est hors pair et préférable à celui des compilateurs postérieurs. Par ailleurs un exemplaire grec de ces canons a été aux mains de Photius qui en donne l’analyse, Biblioth., cod. 53, P. G., t. ciii, col. 92 : Photius compte 9 canons, rendus par le concile d’Aurèle à Carthage, et donne l’indication des 3 premiers ; le 3e est précisément celui que nous étudions : Toùç Xsyovxaç jjiiaov TÔ7TOV xoXàaswç xai. apaSetaou, sic ôv jtal xà à6â-TCTiaToc ppsoy) lieTaTiOstxeva Çfjv (xay.apïcoç, toutouç àvaOsjjiaTtÇei. Enfin la manière de compter du diacre Ferrand (vie siècle) dans sa Breviatio canonum est tout à fait favorable à l’existence de 9 canons dogmatiques. Cet auteur, à la vérité, n’en cite aucun (cela n’allait pas à son but), mais les numéros d’ordre qu’il donne aux canons disciplinaires suivants supposent avant eux 9 et non pas 8 autres textes. Son lit. 10 conc. Carthag., (Breviatio, n. 190) correspond bien au n. 9 du Codex canonum (= n. 117) parce que cette collection a supprimé le can. 3 ; de même le tit. Il (Breviatio, n. 191) correspond au n. 10 (= 118) de la même collection.

Devant ces trois témoignages disparaissent les témoignages contraires des collections postérieures. h’Hispana ne saurait compter ; sa façon dégrouper, sous la rubrique Conc. Milevit. les divers textes donl nous avons parlé, est tout à fait arbitraire. Denys le Petit, à la vérité, ne connaît que 8 canoi s dogmatiques, mais, chose curieuse, pour conserver le chiffre de 9, il donne un numéro d’ordre et cote comme canon le protocole conciliaire (= n. 108) ce qu’il ne fail jamais dans les circonstances analogues. Voir P. L., t. LXVII, col. 217. Pour rejeter l’authenticité de ce canon 3, on a allégué une preuve plus considérable : J.a série des propositions antipélagiennes connue sous le nom de Pnvleritorum Scdis apostolicæ episcoporum auctorit (des, fait mention de plusieurs des Décréta Carlhaginiensis synodi, P. L., t. i., col. 531 : ellesignale par leur numéro d’ordre, les canons 3, I. 5, et ces canons correspondent aux numéros de la série à 8 canons. Avant de tirer argument de ceci, il conviendrai ! de s’assurer par une étude critique que le texte susdit,