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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/281

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MIRACLE, VALEUR PROBANTE


transcendant et divin du miracle. Art. cit., p. 69, 74. La première connaissance ne sauvegarde pas, à coup sûr, la vérité des affirmations vaticanes.

Il va sans dire que les thomistes ne refusent pas d’admettre que /xir/ois « la doctrine et le miracle se confirment mutuellement, en vertu de l’axiome causas ad invicem sunt causse in diverso génère. Dans la doctrine révélée et dans le miracle, il y a, en efïet. des signes accessibles à la seule raison et qui se confirment : si la doctrine est évidemment immorale, impie, le miracle fait pour la confirmer est faux : si au contraire la doctrine est évidemment digne de Dieu, de nature à donner la paix aux hommes, elle est un nouveau signe, et nous aide à voir que tel prodige, qui dépasse manifestement les forces de la nature sensible et de la nature humaine, ne vient pas du démon ». Garrigou-Lagrange, art. cit.. p. 302, note.

Enfin, sans être nécessaire, la grâce peut aider à la connaissance du miracle comme tel. Notre-Seigneur, parlant des derniers temps, ne fait-il pas mention des prodiges accomplis par les faux prophètes, et capable-, de séduire les élus mêmes ? Matth., xxiv, 24.

Démonstration de la valeur probante du miracle.


Voir sur ce point Benoît XIV, De servorum Dci bealifleatione et beatorum canonizatione, t. IV, p. i, c. iv.

1. Fondement.

On a dit plus haut que le miracle est une preuve indirecte de la vérité d’une doctrine, (/est donc dans ce sens qu’il faut chercher le fondement de sa valeur démonstrative. Dans l’hypothèse où le miracle ne posséderait pas de valeur démonstrative de la vérité, on devrait conclure que Dieu pourrait, en l’accomplissant, attester la vérité d’une erreur. Absurdité manifeste, qui prouve que le miracle possède une véritable valeur démonstrative de la vérité.

En effet, le miracle ne peut être accompli que par la toute-puissance divine, dirigée par la providence. Or, la providence s'étend non seulement à la substance du miracle, mais encore aux conditions dans lesquelles le thaumaturge l’accomplit, notamment à la connexion que le thaumaturge place entre le miracle et la vérité d’une doctrine par lui annoncée. Si donc, cette doctrine n'était pas la vérité, telle que Dieu veut qu’elle soit annoncée aux hommes, il s’en suivrait que Dieu voudrait ou tout au moins permettrait, par ce miracle, une attestation fournie par sa providence et sa toute-puissance, en faveur d’une erreur ou d’une parole purement humaine, présentées faussement comme parole divine.

Les théologiens acceptent unanimement ce raisonnement, voir Salmanticenses, De fuie, dis]). II, dub. iii, il (il. Quelques auteurs, notamment les Salmanticenses, acceptent cependant qu’il ne répugne pas absolument qu’un faux prophète puisse abuser d’un vrai miracle, le présentant comme s’il était accompli en faveur de la fausse doctrine, qu’il prêche..Mais. d’après ces mêmes auteurs, Dieu ferait en sorte que de l’ensemble des circonstances on puisse déduire que ce miracle n’a pas été, en réalité, accompli par Dieu pour corroborer l’enseignement du faux prophète.

Ce fondement est supposé par le concile du Vatican, qui fait intervenir la raison de la toute puissance divine comme uage de la certitude du signe : miraculum, (uni lui omnipotentiam luculenter commonstret, diuinæ revelationis signum est certissimum.

2. Condition. Mais ce fondement serait sans valeur si n'était pas réalisée la condition sine 911a non qu’il Implique. /' faut que le miracle soit en connexion, explicite OU implicite, avec une doctrine révélée qu’il vient confirmer. Le miracle accompli sans connexion à une doctrine serait une intervention extraordinaire de Dieu, mais non point un signe de la vérité.

Le miracle peut posséder, à l'égard d’une doctrine, une connexion explicite ou implicite. Explicite, quand

le thaumaturge affirme lui-même que le miracle s’accomplit pour prouver la vérité de son enseignement. Implicite, et cependant manifeste, quand il appert des circonstances du miracle que celui-ci vient en témoignage de la véracité du thaumaturge ou de la vérité de son enseignement. Cf. de Poulpiquet, L’objet intégral de l’apologétique, part. I, c. 11, p. 63-69. Comme exemple de connexion explicite, l'Écriture nous fournit : Ex., iv, 1-19, et surtout Matth., ix, 5-6 ; cf. Marc, 11, 9-11 ; Luc. v, 23-24 ; Joa., xi, 41-43. Le P. de Poulpiquet cite, dans l’histoire de l'Église, le miracle de saint Bernard à Sarlat, celui de saint Dominique à Farjeaux, nombre de miracles accomplis par saint Pierre de Vérone, etc. Le miracle et ses suppléances, p. 221 sq. La plupart des miracles accomplis par Jésus-Christ n’ont qu’une connexion implicite, mais combien manifeste, avec la vérité de sa doctrine. « En multipliant ses prodiges, Jésus prouvait qu’il élait l’envoyé de Dieu et que. par conséquent, son enseignement, quelque transcendant et mystérieux qu’il fût parfois, pouvait être regardé comme venant aussi d’en haut. D’ordinaire, sans doute, il n’y a pas de relation immédiate, intrinsèque entre ses miracles et sa prédication ; mais cela n'était nullement nécessaire : les mêmes titres recommandaient la personne et la doctrine. » Fillion, Les miracles de N.-S. Jésus-Christ, t. 1, p. 2. Cf. de Poulpiquet, Le miracle et ses suppléances, p. 225 sq. On ne saurait d’ailleurs concevoir, dans cette connexion implicite, qu’un rapport avec la foi ou la sainteté catholiques, comme telles, c’est-à-dire prises dans leur intégralité. De telle sorte qu’il n’y aura jamais à craindre qu’un miracle, même accompli exceptionnellement dans le schisme ou l’hérésie, puisse être interprété en faveur des seules vérités communes à la confession séparée et à l'Église catholique, et, à plus forte raison, en faveur de l’hérésie ou du schisme. De Poulpiquet, op. cit., p. 336 sq. — Pour l’application de l’argument du miracle à la démonstration catholique, on consultera les traités d’Apologétique. Voir ici Apologétiquk, t. 1, col. 1524-1525 (simple indication générale).

3. Solution d’une difficulté.

La difficulté qui se rencontre souvent dans le discernement du miracle, et notamment la sévérité de l'Église dans ses jugements canoniques (elle seule se réservant de proclamer le miracle) n’infirment-elles pas la déclaration du concile du Vatican au sujet de la valeur probante du miracle ? Comment peut-on encore dire des miracles qu’ils sont des signes omnium intelligentise accommodata ? « Il faut d’abord remarquer que l'Église ne se réserve que le jugement définitif et authentique concernant le caractère miraculeux d’un événement, niais elle ne défend à personne d’admettre, comme vrais miracles, d’autres phénomènes que ceux qui sont reconnus comme tels par un décret de l’autorité religieuse. Elle prétend également réglementer la publication des récits de fails miraculeux, en exigeant l’approbation préalable par l’autorité ecclésiastique (can. 1399. n. 5), mais cette mesure de prudence, prise en vue du bien commun des fidèles et pour pré venir des abus qui ne sont que trop faciles et très

fréquents en la matière, ne préjuge pas de la valeur

des opinions personnelles. « H appartient d’ailleurs à l'Église, dépositaire

de la divine révélation, de fixer elle même les éléments

de son apologétique, et (le déterminer la nature des laits exl raordinalres qui se passent dans ses sanct uaires ou qui sont réputés se produire A l’intercession de ses saints. Kl il est d’autant plus sage de se conformer

à son jugement, que les tribunaux ecclésiastiques

peuvent s’entourer et s’entourent en fait de garanties