Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1933
1934
MISSIONS D’ASIE, CHINE


Poulo-Pinang, les pères des Missions étrangères ont leur séminaire central pour leurs missions d’Extrême-Orient. Sur une population de 3 500 000 hab.. on comptait 55 000 catholiques en 1926 (44 000 en 1923), et 12 799 enfants dans les écoles. Ces catholiques sont en grande majorité des Chinois. C’est dans la presqu’île de Malacca, que le P. Shebesta, V. D., a découvert et étudié des peuplades primitives très curieuses par leur monothéisme, leur monogamie un peu mitigée et leur sentiment de la culpabilité. (Cf. Peinte d’hist. des Missions, 1 er déc. 1925.)

2° Les Indes néerlandaises dont les plus grandes sont Sumatra, Java, Bornéo, Célèbes, et les plus célèbres dans l’histoire des missions du xvie siècle, les Moluques, évangélisées par saint François-Xavier, se rattachent à l’Asie méridionale par leur sol. leur climat, leur végétation et leurs habitants. Elles mesurent dans leur ensemble près de 2 millions de kmq., 58 fois l’étendue de la Hollande, à qui elles appartiennent presque en totalité.

Jusqu’au commencement du xixe siècle, la Hollande en interdit l’entrée aux missionnaires catholiques, et les anciennes missions, sauf dans les îles gardées par les Portugais, Florès et Timor, disparurent complètement. Les prêtres romains revinrent en 1808. En 1842 fut érigé le vicariatde Batavia, et, en 1874, il fut confié aux jésuites hollandais. Pendant longtemps, ils ne purent s’occuper que des colons européens et des catholiques vivant dans les terres cédées par le Portugal. Partout ailleurs le gouvernement se montrait opposé à l’évangélisation des Javanais musulmans, et, pour ce qui est des infidèles, il posait le principe du premier occupant. Le catholique ne pouvait aller où était le protestant et réciproquement. Peu à peu cependant la rigueur de ces principes s’atténua, et aujourd’hui les jésuites ont pu convertir plusieurs milliers de Javanais, des musulmans et recueillir parmi eux des vocations sacerdotales et religieuses. Par ailleurs le vicariat démesuré de Batavia a été méthodiquement loti entre d’autres missionnaires, tous hollandais en 1903.

Les missionnaires du Sacré-Cœur d’Issoudun ajoutèrent à leur mission de Nouvelle-Guinée anglaise, la partie hollandaise de l’île et les îles voisines. Le vicariat reçu avec un millier de fidèles en a aujourd’hui (1926) 21 025.

1905. Bornéo Sud est donné aux capucins. 1912. Les capucins reçoivent également Sumatra, qu’ils partagent ensuite avec les prêtres du Sacré-Cœur de Saint-Quentin, et les pères de Picpus. De là aujourd’hui trois préfectures : Padang, Benkoelen, Banka Billiton.

1912. Les pères du Verbe-Divin prennent à leur charge les Petites-Iles de la Sonde, y compris Florès (1914). Le vicariat, fondé avec 55 000 chrétiens, en a maintenant plus de 90 000.

1919. Célèbes : 11 000 catholiques. L’île passe aux missionnaires d’Issoudun.

Enfin, Java. L’île restait aux jésuites : 35 millions d’habitants. En 1923, l’extrémité orientale fut partagée entre les carmes (P. A. de Malang) et les lazaristes (P. A. de Soerabaza). Au centre de l’île, séparant deux districts restés aux jésuites, et qui comptent encore 6 500 000 habitants, un autre district encore vierge a été donné aux missionnaires d’Issoudun, et un autre encore aux pères croisiers.

Dans l’ensemble, les Indes néerlandaises ont aujourd’hui 180 000 catholiques partagés entre 5 vicariats, I préfectures et 4 missions.

Les Philippines.

 Les Philippines, évangélisées

au xvie siècle par les dominicains, les franciscains, les augustins, les jésuites, ont actuellement dans les 9 millions de catholiques. C’est une Église régulière ment constituée, mais où il reste des terres de mission Les pères de Scheut évangélisent les Igorrotes de Luzon, encore sauvages et païens. De même les pères du Verbe-Divin. A Mindanao, les missionnaires d’Issoudun sont chargés d’un district de vieux chrétiens. Mais les sauvages, les infidèles et les musulmans ou Moros de Mindanao, 415 000 âmes, sont travaillés par les jésuites espagnols et américains. Le diocèse de Zamboanga qui leur est confié compte 315 000 catholiques, en partie gagnés sur la barbarie par des méthodes qui ressemblent à celle des réductions du Paraguay.

v. la CMISE. - Il millions de kmq., plus que l’Europe entière ; 400 ou 440 millions d’habitants, le cinquième de la population entière du globe : la Chine est le bloc d’infidélité le plus formidable qui existe. A la Chine proprement dite, composée des 18 vieilles provinces, grande chacune comme un grand royaume d’Europe, il faut ajouter les « marches » : la Mandchourie (940 000 kmq, et 20 000 000 d’habitants), la Mongolie à peu près déserte, hantée par les nomades, le Thibet encore farouchement fermé aux étrangers et que le christianisme n’a pas encore touché, si ce n’est très légèrement sur les bords.

Le fond de la population, « les fils de Han », a subi au Nord le mélange des peuples apparentés aux Huns, les Mandchous, et les Mongols. Au sud, les Chinois se sont trouvés en contact avec des races diverses : les négroïdes, pygmées analogues à ceux de l’Afrique, les Lolos, qui semblent d’origine aryenne, etc. De là des différences assez marquées, tant au physique qu’au moral, entre Chinois du Nord et Chinois du Sud. Cela, sans parler des différences de langue : à côté du chinois classique le « mandarin », il y a le cantonais, le fokienois, etc., qui en diffère autant que le français de l’italien et du portugais.

Pour ce qui est du caractère, » le Chinois est foncièrement traditionaliste. Il a des qualités de race qu’on ne saurait méconnaître : finesse, ferme bon sens, ingéniosité, patience, sobriété, endurance, puissance d’adaptation, honnêteté dans les transactions commerciales, amour de la famille, politesse raffinée et inlassable. Les défauts sont connus : la Chine s’est figée dans la tradition du passé et s’est isolée le plus possible du mouvement mondial. Les 40 000 caractères de son écriture, si incommodes, rendent l’étude difficile. L’élite même a toujours préféré les lettres à la science positive. Au point de vue moral, la cruauté se dissimule parfois sous la douceur, et l’amour de la famille n’empêche point, en plus d’une région, de se débarrasser des enfants, surtout des filles, en cas de gêne ou de famine ».

Au point de vue religieux « on distingue d’ordinaire trois religions en Chine : le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme. Il serait plus exact de dire que le Chinois n’admet qu’une seule religion, basée sur la croyance aux bons et aux mauvais esprits animant tous les êtres de l’univers. Cette religion comprend : 1° le culte des ancêtres, véritable cérémonial religieux et social de la masse de la nation ; 2° le confucianisme, code moral plutôt que religieux ; 3° le taoïsme et le bouddhisme, ces deux derniers suppléant ce qui manque au confucianisme, quant au rituel et aux pratiques extérieures, sans toutefois réclamer de leurs adhérents aucun acte doctrinal de foi religieuse ». Mgr Boucher, Petit atlas, p. 91-92.

L’Évangile fut montré d’abord à la Chine par des orientaux, des nestoriens venus de Syrie (stèle de Si-ngan-fou, découvert au Chen-si en 1625). Il y avait encore des nestoriens à Pékin au xuie siècle. A ce moment, dominait en Chine une dynastie mongole, donc étrangère. C’est avec elle qu’au xiiie siècle l’Europe chrétienne entra en contact par le moyen