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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/33

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1359 MESSE DANS LA LITURGIE, LES CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES 1360

d’Hippolyte, n’avait pas encore pris place, dans le corps de l’anaphore, mais qui probablement la précédait. Les liturgies grecques et orientales suivront d’ordinaire cet exemple et inséreront ici des prières litaniques. On remarquera qu’elles font double emploi avec celles de l’oraison des fidèles qui précède. C’est du reste souvent le cas de ce document qui, comparé à l’anaphore d’Hippolyte, se présente comme la paraphrase et le développement d’une composition beaucoup plus brève et plus simple.

La position de Probst et autres liturgistes qui ont considéré cette liturgie clémentine des Const. apost. comme la liturgie primitive et la source de toutes les autres, est plus difficile encore à maintenir aujourd’hui après les études qui fixent au commencement du nie siècle la composition de la Tradition apostolique.

La prière litanique est très complète et conçue en termes élevés, mais nous n’en pouvons donner ici qu’un résumé :

Adhuc oramus te. Domine, pro sancta Ecclesia tua, qua ? a finibus ad fines extenditur, quam acquisisti pretioso sanguine Cliristi tui ; ut eam inconcussam ac minime fluctuantem conserves usque in sæculi consummationem. Ibid., col. 1106.

On prie ensuite pour l'épiscopat, pour les prêtres, les diacres, tout le clergé, pour le roi et ceux en charge, pour l’armée, pour les saints, les patriarches, les prophètes, les justes, les apôtres, les martyrs, les confesseurs, les évêques, prêtres, diacres, sous-diacres, lecteurs, chantres, vierges, veuves, laïques, pour les fidèles qui assistent au sacrifice (regale sacerdolium, gens sancta), pour les continents, les gens mariés, les enfants, les malades, les exilés, les proscrits, les voyageurs, pour nos ennemis, pour les catéchumènes, les pénitents, pour la sérénité de l’air, la fertilité de la terre, pour les absents.

La litanie se termine comme toutes les prières par une doxologie :

Quoniam tibi omnis gloria, veneratio, gratiarum actio, honor, adoratio, Patri et Filio et Spiritui Sancto, nunc et semper et in inflnita ac sempiterna ssecula sæculorum. B7. Amen. — L'évêque : Pax Dei sit cum omnibus vobis. Col. 1107.

On pourrait croire que cette doxologie est la conclusion de l’anaphore et de toute cette partie du service, et peut-être en était-il ainsi à l’origine. Toutefois la litanie, qui a été dite par l'évêque, est suivie d’une autre litanie qui donne la même énumération que la précédente (prière pour l'Église, pour les évêques, le clergé, etc.), mais celle-ci est dite par le diacre, et l'évêque la termine par cette prière :

Deus qui magnus et magni nominis es… Deus et Pater sancti Filii tui Jesu salvatoris nostri, respice super nos ac super gregem tuum hune, quem per eum delegisti ad nominis tui gloriam ; et sanctifica corpus nostrum et animam nostram, concède ut efïecti puri, etc., per Christum tuum ; cum quo tibi gloria, honor, laus, glorificatio, gratiarum actio, et Sancto Spiritui, in sæcula. Amen.

La partie qui suit peut être étudiée à part. C’est un service pour la communion qui est très complet, et dont tous les détails sont minutieusement réglés. La plupart des liturgies orientales s’en inspirent aussi, et y ont même ajouté de nouvelles prières. Nous devons donc le résumer aussi.

Le service débute par des avertissements, des invocations et des doxologies :

Dia conus dlcat : attendamus. Ac episcopus ita ad popuhini proloquatur : Sancta sanctis. Populusque respondeat : I nus sanctus, unus Dominas, unus Jésus Christus, in gloriam Dei Patris, benedictus in saccula. Amen. Gloria in allissimis Dco, et in terra pax, in hominibus bona voluntas. Ilosanna lilio Davidis : benedictus qui venit in noinine Domlnl, Deus Dominus, et apparaît nobis : Ilosanna in altisslmls.

L'évêque communie, et à leur tour, les prêtres, les diacres, sous-diacres, lecteurs, chantres et ascètes, diaconesses, vierges, veuves, les enfants et tout le peuple. L'évêque en distribuant la communion dit : Corpus Christi, et celui qui la reçoit répond : Amen. Le diacre tient le calice et en le présentant dit : Sanguis Christi, calix vitse, et celui qui boit répond aussi : Amen. Pendant la communion on chante le ps. xxxiii. A la fin de ce chant, le diacre dit une courte prière de communion :

Percepto pretioso corpore et pretioso sanguine Christi, agamus gratias ei, qui dignos efïecit nos ut participes essemus sanctorum ejus mysteriorum ; rogemusque id nobis non in judicium ac damna tionem fieri, sed in salutem, etc. Col. 1110.

L'évêque à son tour dit une prière de communion qui a une allure de litanie :

Sacerdotes conserva ; reges tuere ; magistratus in justitia ; aerem in temperie ; fruges in ubertate ; mundum in omnipotente providentia ; gentes seda, errantes converte, etc.

Elle se termine par la doxologie trinitaire : Nosque omnes congrega in regnum cælorum, in Christ o Jesu D. N., etc.

Et par la bénédiction donnée par l'évêque :

Deus omnipotens, verax et incomparabilis, qui ubique existis, ac omnibus præsens es, et in nullo instar eorum quæ insunt contineris : qui locis non circumscriberis, temporibus non vetustescis, sæculis non terminaris, verbis non seduceris ; qui ortui non es subjectus, et custodia non indiges, et supra extraque interitum es, ac conversionem recipere nequis, atque natura es immutabilis, qui lucem habitas inacessam, et natura invisibilis es… Deus Isrælis, vere videntis, in Christum credentis populi tui… benedic iis qui tibi inclinarunt cervices suas, atque da eis… quoniam tibi gloria, laus, maj estas, cultus, adoratio ; et Filio tuo Jesu, Christo tuo, nostro Domino, Deo ac régi : et Sancto Spiritui ; nunc et semper, et in ssecula sæculorum. Amen.

Le diacre dit : Ile in pace, et le service est terminé. Col. 1114.

L’influence de ce VIIIe livre sur les liturgies grecques et orientales a été telle qu’il nous a paru nécessaire d’en donner les principales parties. La plupart en procèdent et n’ont guère fait, tantôt que les abréger, tantôt que les développer. Leur inspiration, moins sensible sur les liturgies latines, s’y découvre cependant sans peine, soit qu’elle ait été directe, soit qu’elle les ait influencées par l’intermédiaire d’une autre liturgie, la liturgie byzantine, par exemple.

Quoique cette liturgie représente, pense-t-on généralement, plus spécialement la liturgie des Églises d’Antioche et de Jérusalem, il est difficile de dire exactement dans quelle mesure et à quelle époque elle a été suivie. Mais il n’est pas douteux qu’elle ne soit dans ses traits essentiels un témoin de la liturgie du ive siècle, et c’est ce qui en fait le grand intérêt théologique.

On sait que l'éditeur est probablement le même qui a interpolé les épîtres authentiques de saint Ignace, et qu’il est, sinon arien, du moins subordinatien. On pourrait relever dans la li turgie du V 1 1 1° livre quelquesunes de ces tendances. Pourtant il faut avouer qu’en général il s’est tenu dans la ligne traditionnelle, et que même les quelques expressions quo l’on a relevées ont été expliquées par certains liturgistes dans un sens orthodoxe.


IV. Le testament de Nôtre-Seigneur. —

C’est en 1899 que Mgr Ignatius Ephræm II Rahmani publia à Mayence le Testamentum domini nostri Jesu Christi, texte syriaque, traduction latine, des prolégomènes et sept dissertations sur le texte. L’auteur ne craignait pas d’en faire remonter la date au temps