Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/463

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2219
2220
MONOPHYSISME SEVERIEN


dera pas l’ensemble de la doctrine des Églises nionophysites sur les autres questions dogmatiques. Cette dernière étude est laite dans ce Dictionnaire pour chaque groupe ecclésiastique particulier. Ont déjà paru les articles Arménienne (Église), 1. 1, col. 18881968 ; Ethiopie (Église d’), t. v, col. 922-969. L’Église syrienne jacobite sera étudiée à Syrienne jacobite (Église). Il reste l’Église copte monophysite. Par une fortune étrange, cette étude a été renvoyée de Copte (Église) à Egypte (Église d’) ; d’ÉGYPTE à Jacobite (Église) ; enfin de Jacobite à Monophysite (Église copte). Il nous faut enfin l’exécuter sous ce dernier titre dans un article à part, qui suivra celui-ci et sera sur le modèle de ceux qui ont déjà été publiés sur les Églises séparées. Sur un point cependant nous nous écarterons de nos devanciers : Nous ne toucherons que très sommairement à l’histoire proprement dite de l’Église copte, ce sujet regardant le Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, où a déjà paru une longue étude sur les divers groupes chrétiens d’Egypte, à l’article Alexandrie, t. ii, col. 289-369 ; voir à partir de la col. 326, pour ce qui regarde l’histoire de l’Église copte.

Dans cet article, nous considérons donc lemonophysisme verbal sous cinq aspects différents : Le monophysisme sévérien ; Le monophysisme sévérien et les Églises monophysites ; Le théopaschitisme ; Les sectes issues du monophysisme sévérien et le monophysisme trinitaire ; Le monophysisme orthodoxe.

II. Le monophysisme sévérien.

- Le monophysisme sévérien, avons-nous dit, est le monophysisme verbal hétérodoxe. Il est dit monophysisme verbal, parce qu’il rejette l’eutychianisme, c’est-à-dire le mélange de la divinité et de l’humanité, ou la disparition de l’une ou de l’autre dans le Christ après l’union, et qu’en disant une seule cpûaiç après l’union, il entend simplement affirmer l’unité de sujet subsistant, de personne, dans le Christ sans nier la persistance de l’humanité en son intégrité individuelle. Il est dit hétérodoxe et hérétique, parce que ses partisans, 1. ont accusé de nestorianisme le pape et le concile œcuménique de Chalcédoine ; 2. parce qu’ils ont refusé de reconnaître comme légitime une terminologie christologique canonisée par l’Église, et se sont attachés exclusivement à la terminologie monophysite, devenue dangereuse et équivoque après l’apparition de l’eutychianisme ; 3. parce qu’ils ont employé certaines formules, expressions et comparaisons qui, prises dans toute leur rigueur et en dehors des explications qu’ils en donnaient, exprimaient l’hérésie ou la favorisaient.

1° Le monophysisme sévérien est un monophysisme verbal. — Le premier point : que les principaux chefs de la résistance au concile de Chalcédoine, Dioscore, Timothéc Aelure, Pierre Monge, Pierre le Foulon, Philoxènc de Mabboug, Sévère d’Antioche, Jacques de Saroug, etc., n’ont pas enseigné l’eutychianisme, mais ont maintenu l’intégrité des deux natures du Christ après l’union, sans mélange ni confusion, a déjà été prouvé indirectement par voie d’autorité, à l’article Eutychianismf. et monophysisme, où l’on peut lire les témoignages de Vigile de Thapse, de Jean Maxence, du prêtre Timothée de Constantlnople, de saint.Jean Datnascène. Les paroles de ce dernier sont particulièrement explicites. Il distingue nettement des eutychianistes ceux qu’il appelle les Égyptiens, dits également schismaliques et monophysites, qui ont pris prétexte du concile de Chalcédoine pour se séparer de l’Église orthodoxe, et sont orthodoxes sur tout le reste : AîyijTc-rt.01, oi xvl ff-/iCT|iaxixol xal u.ovocp’jaÏTai, o*. np’jyinsi toO èv XocXy7)8ôvi auvziyii’xzoq èauTOÙç à-r.’t rs/in r vizzc, vlq 6p8086Çou’RvcvcX/jataç… xà 8è <5tXXa rA’i-y. ôpO^So^oi ÙTripyovTeç. De hteres. lib., 83, P. (’., t. xc.iv, col. 711. On ne saurait mieux caractériser

l’attitude du groupe de beaucoup le plus important des antichalcédoniens, dont Sévère a été le théologien principal.

A côté de ces preuves d’autorité, qui ne sont pas négligeables pour détruire le préjugé encore assez répandu identifiant eutychianisme et monophysisme, on peut établir une démonstration directe à l’aide de multiples témoignages des grands théologiens monophysites, qui presque tous ont écrit contre Eutychès et ses disciples. Un petit nombre de textes empruntés à ces théologiens suffira à montrer que, sous une terminologie périlleuse et souvent équivoque, ils gardaient une pensée orthodoxe sur l’union hypostatique.

1. Dioscore.

Le théologien monophysite, le plus compromis avec l’eutychianisme, est certainement Dioscore, patriarche d’Alexandrie, qui, au Brigandage d’Éphèse (449), avait reçu Eutychès à sa communion et devint le premier chef de la réaction antichalcédonienne.

Admettait-il cependant la doctrine désignée sous le nom d’eutyclùanisme, négation de la consubstantialité du Christ avec nous, mélange ou confusion de l’humanité et de la divinité après l’union ? Le contraire est certain. En plein concile de Chalcédoine, pour se justifier d’introduire la confusion des natures par la formule j1cl tpûaiç toù ©eoû Aôyou aeaapxco[i.év7), il s’écria : « Nous ne disons ni confusion, ni division, ni changement. Anathème à qui dit confusion, changement et mélange ! oûre aÛYX UCTtv ^éyoptev, oûre TOji.r)v, ours Tpo7Tir)v. » Mansi, Concil., t. vi, col. 676. Au sujet du même Dioscore, dans le même concile, Anatole fit la déclaration suivante sans soulever de protestation : « Ce n’est pas à cause de la foi que Dioscore a été déposé, mais parce qu’il a osé porter une sentence contre le pape Léon. » Hardouin. Coll. concil., t. ii, col. 449 A.

Le patriarche déchu ne changea pas de sentiment après Chalcédoine. Du fond de son exil, à Gangres, il écrivait à un certain Secundinus que le Christ est Dieu parfait et homme parfait. Il insistait surtout sur le point qu’avait nié Eutychès : la consubstantialité de Jésus avec nous, et faisait de l’humanité du Sauveur cette description réaliste : * Saint Paul a dit : Il fallait qu’il fût en tout semblable à ses frères (Heb., ii, 17) : Ces mots : en toute chose, n’excluent rien de notre nature : ils supposent les nerfs, les cheveux, les os, les artères, le ventre, le cœur, les reins, le foie, les poumons, et pour le dire d’un mot, le corps animé du Sauveur, qui naquit de Marie, doué d’une âme intelligente et raisonnable, sans le concours de l’homme, était constitué de tout ce que nous avons. » K. Ahrens et G. Kruger, Die sogennante Kirchengesrhichte des Zacharias Rhetor, Leipzig, 1899, p. 7 Cf. J. Lebon, Le monophysisme sévérien, Louvain, 1909, p. 84-93, 203-204. Si Dioscore, disent les monophysites, reçut Eutychès à sa communion au second concile d’Éphèse, c’est parce que celui-ci présenta une profession de foi orthodoxe, et qu’il dissimulait alors l’hérésie cachée dans son cœur. Voir à ce sujet un texte de Sévère cité )iar Lebon, op. cit., p. 491-492.

2. Timothéc Aelure a la même théologie : « Nous croyons, dit-il, selon la tradition des Pères, que Notre-Seigncur Jésus-Christ nous est consubstanticl par la chair… Il est devenu consubstanticl à Marie et à nous par la chair, lui qui est consubstanticl au Père par la divinité. » Lebon, ibid., p. 201. La divinité du Verbe n’a subi aucune altération par le fait de l’incarnation : < Le Verbe est resté ce qu’il était… Il s’est Incarné sans changement… il s’est fait homme en reslanl Dieu… l’incarnation s’est faite sans confusion. Ibid., p. 205, 21 1.

3, L’orthodoxie christologique de Philoxïne de Mabboug n’es ! pas moins évidente. D’après lui, le Verbe est devenu homme parfait quant à l’Ame, au corps et à